Reportage campo : les Jaboneros de Fabien Alexandre aux portes de Tarascon

Une couleur savon comme les herbes de La Pampa

Campo-ganaderia-La Pampa

Reportage : Thierry Rippol (Toreria.net pour vuelta)

« Quand j’ai vu ma première novillada, elle était du fer de François André et il y avait un novillo couleur savon, magnifique. Je me suis dit, si un jour je deviens ganadero, c’est des toros comme ça que je veux élever… ». Fabien Alexandre voulait être torero, il fut raseteur et aujourd’hui il vit sa passion en élevant des toros bravo aux portes de Tarascon, des  jaboneros issus du Mas de l’Ile à Maussane, coté caste Vazqueña, issus des souches Veragua et Santa Coloma du Cobaleda…

Dans les années 70 Jacques Alexandre et son comparse Raoul faisaient un tabac dans toutes les arènes avec leur valise magique, une époque bénie pour le toreo comique…. De sa valise, Jacques a impulsé une énorme aficion à ses deux fils Virgile et Fabien. Le premier a monté son propre élevage, El Campo », il y a sept ans qu’il installa tout d’abord en Camargue, en face des Bernacles avant de transhumer en Crau… Le second est depuis 1995 ganadero par passion avec le fer de La Pampa (origine François André), devise jaune et noir.

En suivant son père dans toutes les arènes, Fabien Alexandre voulu réaliser son 1er rêve, être torero et commença une carrière dans les capéas aux coté de Chico Leal, David Romero …. croisant même Denis Loré dans les arènes de Vergèze…. La réussite n’étant pas au rendez-vous, c’est par l’intermédiaire de Têti Morand, qui organisait des spectacles taurins avec notamment son âne cocardier, qu’il commença à raseter et qu’il devint raseteur…

Campo-Fabien Alexandre-Pampa

Quand il installa son entreprise sur Tarascon, il y avait un peu de terrain autour du hangar et l’idée d’élever des toros refit surface…. Quatre vaches de François André inaugurèrent la ganaderia de La Pampa, histoire de se faire plaisir. Mais quand il accompagna à Céret Cédric, alors à l’Ecole Taurine d’Arles, il tomba sur une novillada de Fernando Palha, le dernier ganadero romantique et ses novillos couleurs savon… Il osa l’approcher et échanger quelques mots sur son élevage….

C’est Fréderic Lautier, plus orienté vers le Santa Coloma, qui lui proposa alors à la vente un étalon jabonero afin de compléter son cheptel issu de chez François André… Le projet prenait forme…. La propriété s’est depuis agrandie, pour atteindre 35 hectares de prairies d’un seul tenant, des installations fonctionnelles sont en cours de construction et une soixantaine de bêtes dont une vingtaine de mères qui donnent des produits aujourd’hui à 70% aux couleurs des herbes de La Pampa… El Lobo fut le premier à tienter les becerras et lidier les érales, suivi de Jeremy Banti, de Camille Juan… Tristan Espigue étant aujourd’hui un peu le torero de la maison…

« Mes bêtes sortent avec des comportements encore trop irréguliers pour sortir dans une arène…. Je fais tout combattre en privé et je le ferais tant que je n’aurais pas atteint une certaine régularité…. » reconnait Fabien Alexandre. L’image de l’éleveur est certes importante face au public, mais il y a aussi un certain respect pour les toreros… « Quand tu es raseteur, s’il sort des taureaux compliqués ou que tu n’as pas les moyens d’y aller, tu te fonds dans le groupe et tu attends le suivant… quand tu toréais, tu es seul et tu dois t’y mettre devant. C’est déjà très dur comme ça, surtout pour les jeunes, alors autant leur offrir un minimum de garantie.. »

En attendant la confirmation de ces critères souhaités, le troupeau profite de ces espaces verts qui leurs sont entièrement dédiés sous le regard protecteur d’un passionné pour le toro bravo..

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