Reportage campo : à la rencontre du novillero Victor Cerrato

Présentation du jeune novillero chez Tardieu

Campo-Victor Cerrato

Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)

Ce fut un peu le but de son apoderado gersois Gérard Duces en organisant deux journées taurines autour de son protégé. La 1ere, la semaine dernière chez J.L. Darré, la seconde à La Cour des Bœufs à Mas Thibert chez les frères Tardieu…en invitant empresas, presse et autres clubs taurins…. Une présentation en France pour le jeune madrilène qui a affiché un excellent potentiel malgré une courte expérience surtout devant les deux toros combattus l’après-midi, la tienta matinale ayant aiguisé la curiosité de tous. Présent aux tercios, possédant une excellente main gauche, il s’avéra aussi décisif avec l’épée….

Il vit le jour à Leganes le 5 janvier 2004, avec une muleta à la main, donnant ses premières passes à 4 ans. Son père Javier Cerrato Rosales est matador de toros (2002) avant de passer chez les banderilleros aux ordres de M. A. Pacheco et d’El Adoureño, son oncle Antonio Rosales a pris aussi l’alternative en 2011 et tout naturellement son chemin passa par une école taurine, celle de La Linea de La Concepción avec J.C. Landrove comme professeur, qui fut l’apoderado de son oncle alors novillero…

Il débute en becerradas en 2018. En 2019 il réussit à couper 33 oreilles et 2 queues. 2020 le voit participer au concours de non piquées de Canal Sur et à 3 festivals.  En 2021, il toréé 14 novilladas et coupe 24 oreilles et 2 queues. Il est triomphateur de la novillada provincial de Chiclana. En 2022, il sera qualifié pour l’Alfareto de Plata à Villaseca de la Sagra… Puis le 26 juin il passe en piquée à Navas de San Juan, coupe une oreille à son 1er novillo de Martín Carrasco avant d’être blessé…

G. Duces, comment l’avez-vous découvert ?

« Quand j’apodérais El Adoureño, le père de Víctor, Javier, matador de toros, était son banderillero de confiance. Tout petit, Víctor l’accompagnait c’est là je l’ai donc connu. Plus tard il a démarré en non piquée, je le suivais et après la rupture avec Yannis, j’ai senti qu’il voulait que je sois encore plus présent à ses côtés. Ce qui arriva par la suite, mais après la rupture inamicale de Yannis, je lui ai dit que j’avais un peu de mal à m’occuper de quelqu’un si proche de lui. J’ai été rassuré de ce côté-là et on a donc décidé de partir ensemble. »

Comment se sont passés vos débuts ?

« Quand on a démarré la saison, on ne savait pas trop encore à quel moment il passerait en piquée. On pensait le faire le 27 juillet, mais il a eu une opportunité le 26 juin. On partait pour toréer une sans picadors, j’arrivais de France le matin et dans la voiture, Javier m’a appelé pour m’informer qu’on allait changer de destination… pour se rendre à Navas de San Juan où il allait faire sa première piquée ! « 

Il a ensuite enchaîné 20 novilladas en Espagne, mais c’était trop tard pour qu’il rentre dans des cartels en France. C’est donc en Espagne qu’il a remporté plusieurs trophées importants dans sa catégorie.

Victor Cerrato poursuit : « Cette année j’ai eu trois ou quatre novilladas déterminantes, comme à Trillo, le pueblo de mon grand-père, avec des novillos de Ponce impressionnants, mais très bons. Une autre à Los Molinos (Madrid) où j’ai coupé quatre oreilles, gagnant le trophée au meilleur novillero de la feria. Un tres bon souvenir, même si j’ai fini dans l’ambulance. Aussi une novillada de Prieto de la Cal à Calasparra qui malgré ma blessure restera un bon souvenir… »

Pour une première temporada de novillero con picador elle fut assez exceptionnelle :

Triomphateur de la feria de Tudela, Prix de la feria de Cebreros, Triomphateur de la feria de Roa de Duero, Triomphateur du XXII Certamen Piñon de Oro, Trophée du meilleur novillero de la feria de Cortegana, Triomphateur de la feria de Los Molinos… en 20 novilladas et 35 oreilles coupées, 1 rabo et 1er des novilleros ayant débuté en 2022 avec 12 Puerta Grande

« Il finit devant certains qui sont déjà là depuis pas mal de temps et après avoir débuté à mi saison… Grâce à ça, on espère que les empresas vont penser à lui, pour s’aguerrir davantage, pour découvrir des arènes de catégorie supérieure. C’est pourquoi il n’est pas question de vouloir brûler les étapes !  Il est courageux, volontaire, il a une bonne technique, mais il faut encore plus l’affirmer. Je pensais que si tout se passe bien, on pourrait envisager l’alternative en fin de temporada, mais tout dépendra du déroulement de sa temporada 2023. Personnellement, j’aimerais aussi qu’il puisse entrer dans les cartels français, y compris dans quelques arènes importantes … » complète son apoderado

Comment se passent tes relations professionnelles avec ton père ?

« Mon père m’a surtout appris la technique afin que je puisse toréer tous les toros de toutes origines, mais c’est moi qui développe mes choix artistiques. Je m’entraîne avec lui tous les jours. Personnellement je ne veux pas imiter tel ou tel torero, mais j’essaie de prendre chez chacun le meilleur de ce qui correspond le plus à mon concept. « 

Justement comment définis-tu ton concept de la tauromachie ?

« Cela dépend beaucoup de l’animal. Il y a des toros qui ne vous permettent pas de toreer avec art et esthétisme, d’autre oui. Je pense qu’il faut avoir un mélange de tout les type de toreo pour s’imposer devant le maximum d’encastes différentes. J’essaie de chercher cette pointe de courage mélangée à de la personnalité et à une bonne technique. « 

Quel type de toros te convient le mieux ?

« Depuis mes débuts j’ai pris des novillos de différents encastes, mais quand on est novillero, on n’a pas trop le choix. On doit toréer en tenant compte de leur comportement et donc, en adaptant son toreo. « 

 Qu’attends-tu de l’aficion française ?

« Il est évident que j’aimerais toréer en France où pas mal de toreros ont fait leur renommée avant d’être reconnus en Espagne, comme Fandiño ou Luque, et franchement, je pense qu’un triomphe ici vaut très souvent davantage qu’en Espagne ! « 

Tu penses déjà à 2023….

« Pour l’an prochain ? C’est encore difficile à dire, mais j’aimerais aller à Madrid, une arène incontournable, aussi en France, bien sûr, et si tout se passe bien, prendre l’alternative en fin de temporada ou au début de la prochaine. « 

C’est bien évidemment tout le mal qu’on lui souhaite…. Toute l’équipe repars vers Nogaro, une étape avant le retour sur Leganes…

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