Reportage Campo : un héritage familial au Mas Colombeau pour ne pas oublier Cyril

La ganaderia revient pour la Feria d’Arles après 19 ans

Colombeau-Emma et francis

Reportage : Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)

Le 8 avril 2004, bientôt 20 ans, la terrible nouvelle tomba à l’Espace Toro, le jeudi juste avant l’ouverture de la Feria de Pâques. Cyril Colombeau venait de se faire tuer par un de ses toros. Pas vraiment un brave mais un « toro semi domestiqué » et qui, veau, blessé accidentellement par sa mère, avait été sauvé par le vétérinaire présent à ce moment-là et qui lui servait de dompteur…. Il avait 35 ans et avait 12 ans plus tôt fondé sa propre ganaderia avec un étalon et des vaches issues du cheptel de son père Francis.

Francis Colombeau, riziculteur de métier, né au milieu des toros et des chevaux, s’est d’abord associé avec son ami de toujours, l’éleveur camarguais Gilbert M’roz avant de commencer son propre élevage en 1980 avec du bétail d’origine M’roz et La Guadamilla, débutant en novillada piquée en 1993 et en corrida de toros le 4 octobre 1998 à Beaucaire ou il avait pris la direction des arènes pour pouvoir faire combattre ses bêtes. Son intégrité et son franc parler ne lui valant pas que des bons points dans le mundillo, principalement français. En 1992 il verra la création du fer de son fils Cyril avec des bêtes issues de sa ganaderia, ayant à eux deux par la suite près de cent males de même origines à faire lidier chaque année.

En 2005, peu après le terrible accident, son bétail avait dû être abattu pour raisons sanitaires. Et ce sera le début d’une période très compliqué pour l’éleveur du Sambuc, qui maintiendra contre vents et marées l’élevage de son fils… jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite, ce qui lui vaudra un nouvel abattage… ne conservant qu’une quinzaine de bêtes de sang Colombeau aucun apport ayant été effectué depuis les débuts, une encaste propre.

Aujourd’hui, c’est Emma, 23 ans qui a repris avec passion l’héritage de son grand-père et de son oncle… »J’ai grandi là au milieu de l’élevage et après mes études de droit, j’ai décidé de m’y investir pour perpétuer l’héritage familial ».

Colombeau-Emma et francis

Depuis 2018, année de ses 18 ans, elle est devenue officiellement la ganadera, s’impliquant plus encore dans la ganaderia, s’appuyant sur l’expérience et les conseils de son grand père. Elle a démarré avec une quinzaine de mères et « Caramelo » pour semental. Aujourd’hui elle a, sur les 52 hectares de la propriété familiale, 35 vaches, deux étalons et un troisième en cours d’approbation, « Phenix », gracié à sa demande à Tarascon lors de la non-piquée de 2021…… »C’est André Castella, un ami proche de la famille qui m’a incité à le faire. Non pas pour les honneurs mais parce que je ne repartais de rien et que j’avais besoin d’étoffer mon cheptel, tout en conservant les mêmes origines ».

L’élevage s’est ainsi un peu agrandi grâce à son investissement personnel, 100% toros, et dont les premiers résultats sont là…vuelta d’un becerro, le N° 11, « Caramelo II » au Sambuc au printemps dernier après celui de la renaissance, « Phenix » à Tarascon. Ce dernier à été gracié deux fois… « Il s’était cassé une patte tout petit, Emma voulait l’éliminer. Je lui ai suggéré de voir comment ça allait évoluer. Et finalement il a guéri, s’est sauvé et après l’avoir dit à Mehdi quand il est venu choisir le lot, il l’a quand même retenu et il a eu une seconde fois la vie sauve. » confirme Francis Colombeau en binôme avec sa petite-fille.

Colombeau-Phenix-gracié- Tarascon

« J’ai grandi ici avec mon grand-père et mon oncle et tout ce que je fais c’est en sa mémoire, pour que jamais on oubli Cyril »

Pour la Feria de Pâques, les Colombeau reviendront aux arènes d’Arles après 19 ans*, en non piquée. Un moment qui sera rempli d’émotion en cette date anniversaire… mais qui ne dérogera pas aux objectifs de la jeune ganadera. « Je ne veux surtout pas brûler les étapes, rester en sans picadors et sortir des becerros braves et nobles mais qui permettent aux jeunes aspirants novilleros de prendre du plaisir et de bien faire les choses qu’ils ont appris, qu’ils se régalent et le public se régalera aussi »

Emma envisage aussi, peu à peu d’ouvrir la ganaderia en recevant de petits groupes… »Vingt ou trente personnes pour leur faire découvrir notre élevage, notre métier, notre passion, notre combat pour exister… » Le campo à côté, une placita de tienta, une petite salle en cours d’aménagement, cet été pourrait voir s’ouvrir les portes du mas aux aficionados ou futurs aficionados…

La vie a repris peu à peu ses droits sur les terres du mas familial, vivant au rythme de la nature et des toros….

Après le décès de son fils, Francis Colombeau, a fait réaliser une statue équestre en bronze grandeur nature, placée à Arles sur le rond-point Maurice Étienne aux portes de la Camargue. De là, Cyril pourra voir passer ses novillos qui iront à Arles, pour y être combattus pour la Feria dans les arènes le 8 avril prochain….

*Le 17 octobre 2004 pour le festival en hommage à Cyril Colombeau, un festival qui avait réuni tous ses amis. Richard Milian, Stéphane Fernandez Meca, Denis Loré, Frédéric Leal, Swan Soto, El Lobo, Jérémy Banti, et plus de 3 000 aficionados.

Les commentaires sont fermés.