Rencontre avec Marc Jalabert
Reportage : Thierry Rippol (Toreria.net pour vuelta)
Quand on évoque le nom de Jalabert, c’est Juan Bautista qui le représente le plus comme le fit son père Luc, torero également…. Mais c’est aussi le Mas de La Chassagne, ses élevages de toros braves, de chevaux de race Camargue, les arènes d’Arles, une superbe salle de réception au cœur du campo camarguais, c’est aussi Marc, le frère de Luc, Lola la sœur de Jean-Baptiste…. Tout commença au début du siècle dernier avec la naissance à Aimargues d’Alphonse Jalabert qui fut gardian du Marquis de Baroncelli avant d’élever des croisés espagnols avec Germain Bonnaud puis avec François André et Fernand Gide à Fos alors qu’il était devenu le fermier des terres de La Chassagne, un domaine que son fils Louis, en prenant sa suite, acquit aux Hôpitaux d’Arles qui en étaient alors les propriétaires….
Au milieu de ce pays de rizières, de taureaux et de chevaux Luc devint rejoneador et prit l’alternative en 1978 avant de créer avec son frère Marc une ganaderia de toros bravos en faisant rentrer du Portugal un lot de bêtes de Cabral Ascensão d’origine Pinto Barreiros…. C’était en 1983 et avant la création en 1986 d’un second fer, celui du Laget, en mettant des sementales de sang Domecq en lieu et place de ceux de Cabral Ascensão….
C’est dans ce contexte intensément taurin que se bâtit l’immense carrière de matador de toros de Juan Bautista…. Luc, Marc, Jean-Baptiste, des toros braves, des chevaux de race Camargue, des toreros. Avec JB, on fit rentrer des bêtes de chez Aldeanueva, une expérience éphémère et sans suite, puis des Daniel Ruiz avec le fer de La Gloria, qui elles ont été maillées dans le sang de la ganaderia Jalabert Frères, celui avec une option plus torerista que celui du Laget….
Et en juin 2019, un peu plus d’un an après le décès de son père, Juan Bautista crée un nouvel élevage de toros de combat. Six ans après avoir gracié à Istres le toro « Golosino » du fer de « La Quinta » en achetant un lot de vaches de cette ganaderia. Le nouvel élevage s’installe à La Chassagne sous le nom de « La Golosina »…
Rencontre avec Marc Jalabert….
Après la disparition de Luc, comment s’est réorganisée la gestion de La Chassagne ?
–Jean-Baptiste était déjà très impliqué dans les élevages et moi je continue comme je l’ai toujours fait. Je m’occupe plus particulièrement de la manade de chevaux de race Camargue et pour les ganaderias les taches sont partagées, JB veillant plus personnellement sur sa ganaderia d’origine La Quinta
Aujourd’hui, les 450 têtes de bétail brave se partagent entre le mas de La Chassagne et ses 300 hectares, Le Laget à Port Saint Louis du Rhône sur 75 hectares plus les prairies des Pebrieres chez Jean-Baptiste….
– Il va nous falloir réduire le nombre de bêtes et je pense que nous ne sommes pas les seuls à l’envisager…. Le nombre de festejos à baissé et celui des ganaderias à augmenté…. C’est une équation difficile à équilibrer…
La crise sanitaire, comme pour tous, a accentué les problèmes et va laisser des traces…
– La corrida pour le rejon de Bayonne, la portugaise de Cazaubon, la novillada pour Riscle sont annulées. Il nous reste le festival de Rion des Landes, un toro pour Saint Martin de Crau et un pour Istres, tout cela en fin de temporada…. Avec ça on avance à vue…. Sans parler de la grande salle de réception fermée depuis le début du confinement et dont le fonctionnement est en grande partie compromis cette année…
Les terres de La Chassagne tournent en rotation entre les cultures et les toros…. Pareillement pour deux hommes incontournables pour l’entreprise…
–Jean-Luc Courriol, le mayoral, Billy pour les intimes et Jean-Loup Aillet, le picador qui nous à rejoint dernièrement…. Leur polyvalence nous permet de gérer efficacement l’ensemble de nos activités, taurines et agricoles.
Hormis pour les non piquées, les élevages français sont à la peine, même les petites arènes ne jouent pas toutes le jeu…
–Aujourd’hui la qualité du toro de France n’est plus à démontrer. La grande majorité des ganaderos français ayant fait de gros efforts dans ce sens. Nous espérons tous qu’à l’issu de cette crise, nous aurons la confiance des organisateurs…
En parlant de grandes arènes, Arles est depuis longtemps citée en exemple pour sa programmation des élevages français…
–Je ne suis plus dans l’organisation des arènes d’Arles, mais je trouve que c’est tout a fait normal. Arles est une terre d’élevage et nos toros n’ont pas rougir de la comparaison. Et Jean-Baptiste va continuer dans cet esprit….
Et les perspectives pour 2021 ?
–En ce qui nous concerne, nous avons plusieurs lots de toros et de novillos à proposer et nous sommes prêts à recevoir tous les organisateurs intéressés, du Sud-est comme du Sud-ouest.
Jean-Baptiste attend de voir comment va évoluer la situation, et en concertation avec la nouvelle municipalité, savoir ce qu’il pourra organiser dans les arènes d’Arles cette année, comme il attend de pouvoir tienter les becerras de La Quinta tandis que ses premiers veaux viennent de naître à La Chassagne. Marc et JL Aillet partent donner à manger aux toros…. La vie semble reprendre peu à peu son court normal, semble, car rien encore aujourd’hui n’est acquit…