Reportage campo : l’encaste Nuñez de la ganaderia de Tardieu Frères

Rencontre avec Loulou Tardieu

Campo-loulou tardieu

Reportage : Thierry Rippol (toreria.net pour vuelta)

Lucien Tardieu est décédé le 13 janvier 2013, à l’âge de 81 ans, laissant à ses deux fils, Louis et Alain, la ganaderia qu’il possédait depuis 1951, des bêtes provenant de Pierre Pouly avec apport Infante de Camara et Duc de Tovar (Santa Coloma), désormais baptisé Tardieu Frères. Depuis 1990, le sang originel a été rafraîchit avec du bétail de José Luis Pereda, provenant de chez Alain Tardieu puis d’Escudero. Les 170 vaches et leurs six étalons occupant les terres du Mas des Bruns, les herbages et les marais de  La Cœur des Bœufs qu’elles partagent avec prés de 200 mâles. La cinquantaine de becerras à tienter étant elles dans les prés de Côte Neuve à quelques encablures. Depuis le début de l’année, Magali, la fille de Loulou se partage entre deux mi-temps : son emploi à la Ville d’Arles et la ganaderia Tardieu Frères

Entre temps, en 1990, Alain et son épouse Frédérique ont créé leur propre élevage sur les terres du Mas de Gallignan avec un lot d’encaste Carlos Nuñez provenant de J.L. Pereda….

Rencontre avec Loulou Tardieu….

« Si au moins le coté abattoir et boucherie pouvait s’ouvrir, cela nous donnerait un peu d’espoir…. On a des lots de toros qui vont atteindre les 6 ans fatidiques et on ne sait absolument qu’est ce qu’on va en faire ni ce qu’ils vont devenir…. »

Dans les cercados autour du mas une trentaine de superbes toros qui devait partir en Espagne se demande quel avenir les attend…. Et avec les premières chaleurs la tension monte…

« Il faut aussi mesurer l’évolution quantitative du campo français… Dans les années 90 nous étions une douzaine d’éleveurs et on arriver à passer nos 300 toros…. Aujourd’hui nous sommes plus d’une cinquantaine qui mettons sur le marché environ  1000 toros et dans un contexte qui s’est fortement réduit pour nous avec la quasi disparition des corridas portugaises…. »

Et la grave crise sanitaire accentue encore plus les problèmes des éleveurs français qui vont devoir composer avec une saison quasiment blanche….Et sans solution en perspective dans l’immédiat.

« Une trentaine de toros devait partir en Espagne comme l’an passé, pas loin de Madrid à la finca Bellalucia à Fuentidueña de Tajo chez Julián Gómez Carpio qui nous a fait lidier en 2019 deux corridas. Une à Honrubia et une à Santa Cruz de Mudella télévisée. Les autres toros sortant pour les recortadores ou dans la rue. Cette année le Covid a eu raison de cette répétition ibérique… Un toro pour Saint Martin est retenu, un novillo l’était aussi pour Arles……. »

Depuis très longtemps tous les toreros français sont passés par la Cour des Bœufs, aujourd’hui de Juan Bautista à Solalito en passant par Marc Serrano ou Thomas Joubert…. Et quand les tentaderos vont s’ouvrir, la toreria française retrouvera la route de Mas Thibert. Et depuis longtemps aussi une poignée d’amis participe à la vie de l’élevage, Daniel, Yves, Sofiane mais l’essentiel est fait en famille, par passion et amour du toro… Une passion partagée par tous ceux qui a vécu les moments important de la devise« violet-blanc-noir », de la première en Espagne, une novillada à Girona en 1994, le 1er trophée de la CTEM d’Arles en 2002, les corridas de Barbastro et de Santa Cruz de Mudela, mais surtout le prix de la corrida-concours d’Arles en septembre 2003 qui revint à « Rompe Piernas » N°67 lidié par Luis Miguel Encabo…. « Baptisé ainsi car quelques mois avant cette corrida il m’avait blessé au genou » précise Loulou Tardieu…

Plus que du passé, c’est d’avenir qu’ont besoin les deux frères éleveurs… « On espère qu’on pourra encore faire combattre des corridas… Il faut simplement que les empresas et organisateurs nous fassent confiance… Sinon !!! »

Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas camperas…. « Quasiment aucun toro vendu et donc aucun centime qui rentre dans les caisses et pourtant on doit faire face toujours aux mêmes dépenses pour nourrir et soigner les bêtes, donner encore plus de notre temps car il y a plus de toros qu’à l’habitude sur le pays…Impossible aussi de recevoir des clubs taurins pour leurs journées camperas… Il nous faut attendre et être patient !!! »

Veuve d’un boulanger de Berre, la mère de Lucien Tardieu convola en secondes noces avec Etienne Pouly, son adolescent de fils se trouva du coup plongé au milieu des toros et des marais de Mas Thibert…. Près de cent ans plus tard, les Tardieu y sont encore…. Pour longtemps encore on le souhaite et pour les deux élevages celui de Tardieu Frères et celui d’Alain et Frédérique Tardieu dont on parlera très prochainement…

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