Reportage campo : la ganaderia de Frédérique et Alain Tardieu

Entretien avec Alain Tardieu

Campo-alain tardieu

Reportage et entretien : Thierry Rippol (Toreria.net pour vuelta)

Lucien Tardieu a laissé à son décès, à ses deux fils, Louis et Alain, la ganaderia qu’il possédait depuis 1951, désormais baptisé Tardieu Frères. En 1990, Alain et son épouse Frédérique ont créé leur propre élevage sur les terres du Mas du Grand Galignan avec un lot de 30 vaches et de deux sementales d’encaste Carlos Nuñez provenant de J.L. Pereda…. Pour eux, comme pour la très grande majorité des éleveurs français de toros bravos, l’année 2020 restera une année noire même si quelques lueurs d’espoirs subsistent.

Une ganaderia dont on commença à parler lorsqu’un becerrista dejanté, un soir de juillet 1992, avait fait se lever les arènes d’Arles et gracier un de leur tous premiers becerro, baptisé, du coup, Yanito, du nom de cet aspirant novillero promis à un bel avenir mais qu’un impresario peu scrupuleux de Gerona à surtout aider à ce qu’il finisse dans la rue…. Ensuite Pistolero sera désigné meilleur toro à Saint Martin de Crau en mars 1996 et le 24 avril 2010 toujours à Saint-Martin-de-Crau, c’est « Sabanero« , n°37, qui sera gracié par Esaú Fernández…. Des références qui n’auront que peu de répercussions hors du Pays d’Arles…

Rencontre avec Alain Tardieu….

Aujourd’hui quand est-il du sang Nuñez dans l’élevage… Pas d’apport en cours de route.

« C’est toujours la même origine, une encaste qui me convient et qui épice un peu les courses. Pas toujours simples avec parfois un fond de mansedumbre mais avec de l’ardeur au combat. Et en face il n’y a pas souvent le novillero capable de les comprendre et de les soumettre…J’ai plusieurs lignées mais toutes descendent des Pereda….

Ce sont près de 200 bêtes qui paissent sur les 100 hectares de près de Galignan entre Mas Thibert et Arles… et parmi elles combien devaient être combattues en arènes ?

« Comme chaque année j’avais des novillos de retenus, un pour Arles, un pour Millas, trois pour le trophée Castella à Bellegarde, deux toros pour Chateaurenard, trois pour Mauguio, un pour Saint Martin de Crau…. Arles, Bellegarde et St Martin pourrait se faire !!!! On attend, mais beaucoup d’erales et de becerros resteront sur le pays par rapport aux autres années… »

La ganaderia de Frédérique et Alain Tardieu propose des toros, mais surtout des novillos intéressants et pour les aficionados et pour les toreros, comme le lot lidié en 2017 à Mejorada del Campo (Madrid), un lot de cinq novillos qui s’est particulièrement illustrée après avoir couru l’encierro matinal, le dernier étant primé d’une vuelta posthume….

« Avant ça à Millas pour la novillada-concours, c’est notre novillo « Borracho », qui fut crédité d’un tour de piste et qui a remporté le trophée au meilleur novillo, après avoir laissé ses deux oreilles à Jorge Isiegas… »

Mais quand après avoir gagné la « concours » de Millas, triomphé outre Pyrénées, l’élevage est également primé, en non piquée avec le sérieux de Bouillargues, grâce à « Lunero », brave, noble avec beaucoup de présence et de transmission, ne laissant passer aucune faute…..  Difficile de comprendre pourquoi le téléphone ne sonne pas plus souvent, surtout coté Sud-ouest….. Et pourtant les toros et novillos français s’exportent même bien en Espagne.

-« D’abord il n’y a plus beaucoup de novilladas, piquées ou non… une baisse bien plus conséquente par chez nous. Dans le sud-ouest, ils ont certes leurs élevages, mais la plupart des courses se font avec des ganaderias espagnoles….Salamanca n’est pas très loin… Et il est plus chicos aussi pour les membres des commissions taurines d’aller voir et revoir les lots en Espagne qu’en Crau…. Et pour les grandes ferias, à part Arles, la boucle est vite bouclée….

Pour Alain Tardieu, comme beaucoup d’autres éleveurs français, ce sont soit des lots recomposés, soit des concours ou des competencias qui leur sont proposés…

« Les organisateurs essayent d’attirer les aficionados, une novillada-concours offre, c’est vrai une diversité d’encaste, ce qui peut être bien pour le spectacle, et pour d’autre, ça leur permet aussi d’avoir bonne conscience en t’ayant programmé… Pour nous l’idéal serait de pouvoir faire combattre deux novilladas complètes par an… Mais bon ! » 

Comme pour beaucoup de choses, la crise du Covid 19 a ouvert une réflexion sur une autre façon de vivre, de consommer principalement français…. Aujourd’hui, tout le monde se mobilise pour nos ganaderos… Mais qu’en restera t il quand l’effet pangolin aura disparu ? Souvenons-nous de la Langue Bleue…

-« Et de plus en France, si tu sors mal on ne te fait pas de cadeaux et si tu sors bien on fait comme si de rien n’était. Mais c’est ainsi depuis longtemps et je ne pense pas que ce soit prêt de changer A moins que…… » 

Et l’avenir de votre élevage du toro de combat ?

« Vu les galères qui sont les nôtres, Marie, notre fille, s’est plus orientée vers le cheval que vers les toros et son élevage de portugais tourne bien… nous on verra à la longue ce qu’on va devenir…. Heureusement qu’il y a la passion.. »

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