Noticias : entretien avec le béarnais Dorian Canton qui souhaite ouvrir les portes

Un cartel de luxe à Mont de Marsan

Entretien-dorian Canton

Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)

Il est l’un des meilleurs toreros français du moment mais il ne peut le démontrer que dans sa région natale…. Pour ce béarnais de 23 ans, le seuil de Naurouse et les Pyrénées, semblent infranchissable depuis son alternative durant l’été 2019, juste avant la pandémie… Avant de débuter sa temporada à Arzacq* lors de la fiesta campera matinale face à un toro des Frères Gallon, il a peaufiné sa préparation en tuant a puerta cerrada un toro de Roland Durand et en tientant des vaches de 5 et 9 ans, au mas de Capeau chez Michel et Jean-Pierre Gallon…

 »Je suis né à Pau et j’ai grandi dans le Béarn, à Asson,petit village du piémont pyrénéen, dans une famille d’agriculteurs et d’éleveurs. J’ai découvert les toros vers l’âge de sept ans en allant avec mon père et mon oncle voir une course à Aire-sur-Adour. J’ai accroché de suite et j’ai voulu y retourner »

Et c’est à Béziers, lors d’une corrida de Miura avec Juan José Padilla, en 2009, qu’il a décidé qu’il serait torero… Dorian, alors âgé de 8 ans, est touché par la grâce.  »Il m’avait transmit une émotion exceptionnelle, on aurait dit un dieu, un super heros! Et j’ai voulu moi aussi devenir un super héros » se souvient il.

Chez lui, à la ferme il s’est vite rendu compte que la Blonde d’Aquitaine ne chargeait pas et pour vivre ces sensations, il décida de rejoindre Richard Milian et son école taurine Adour Aficion ou il fit ses premiers pas taurins pendant presque sept ans… Tous les mercredis son père ou son oncle l’on amené à Cauna…Pour qu’il apprenne les bases, les peaufiner et commencer les capéas et les becerradas…

 »Au cours de cet apprentissage, on se définit et moi je ressens bien plus de choses avec un toreo classique, plus vertical en cherchant à être naturel et pour y arriver, il faut énormément de temps. »

En 2017 il passera en novillada sans picadors pour 17 ou 18 paseillos avec des triomphes important à Dax, Mont de Marsan, en Espagne. Il viendra deux fois dans le Sud-Est, la première fois à Bellegarde ou il remporte le 1er trophée Sébastien Castella et en octobre à Bouillargues ou il est le triomphateur de la sérieuse non piquée de La Embestida.

 »Avec ce nombre de novilladas sans chevaux et des résultats plus que probants, on a pensé qu’il était temps de passer dans la catégorie supérieure. Des la 9eme course, Richard me l’avait annoncé et moi j’avais besoin de voir des novillos plus sérieux. »

Le 2 avril 2018, un an plus tard, à Mugron, il débute avec picadors. Deux contrats seulement avec celui de Garlin. Deux oreilles pour la 1ere et deux aussi pour la seconde devant de bons mais énormes novillos de Pedraza de Yeltes…

 »Celle là a lancé ma saison et onze contrats ont été signés dont Mont de Marsan, Dax, Bayonne. Sans oublier les trois courses lors du week-end du 28 et 29 juillet…Le samedi après-midi, à Garlin, pour le 30eme anniversaire de la peña. Le lendemain matin, à Orthez pour un mano a mano avec Baptiste Cissé ma journée se terminera à Hagetmau pour la feria du novillo. »

Mais il y aura une mauvaise journée et ce sera celle de sa présentation à Madrid, le 13 juillet devant des novillos de Montalvo.

 »La première erreur, c’est que je n’avais que cinq novilladas derrière moi. Et là j’ai pris tout le poids que représente ces arènes et alors qu’il aurait fallu que je sois très concentré, j’ai été surpris. Rien, deux silences et un goût amer. »

Dorian retournera à Las Ventas peu avant son alternative et y montrera un bien meilleur visage. De son cycle novilleril qui durera guère plus d’un an, il gardera dans ses souvenirs, ce qui aurait du être sa présentation et son unique contrat dans le Sud-Est : Vergèze. Hélas ce jour là un novillo de Blohorn s’échappa du toril, traversa le campo de feria et la novillada fut annulée. Les succès remportés un peu partout ont fait que rapidement l’opportunité de prendre l’alternative lui fut proposée, Bayonne en premier.

 »J’avais envie de la prendre et l’occasion se présentait. Avec Olivier mon apoderado on a pensé que c’était le bon moment. J’aurais pu faire une année de plus, aller en Espagne, je me suis aussi posé la question. Mais comme derrière est arrivée la Covid, je n’ai aucun regret. »

Après avoir passé, les épreuves du bac au lycée agricole de Montardon, l’annulation de l’alternative initialement prévue le 27 juillet à Bayonne est arrivée en raison des fortes pluies moins d’une heure avant le paseillo.

 »Forcément très déçu, j’étais mentalisé pour ce moment important. Je n’ai pas eu trop le temps de cogiter, car il y avait le contrat de Villeneuve dix jours après. Il fallait prendre une décision très rapidement. Et trois jours après j’ai décidé de prendre l’alternative à Villeneuve. »

Il a finalement été intronisé le 6 août 2019 par Ruben Pinar, en présence de Thomas Dufau, devant une arène comble. La plaza de Villeneuve afficha un «no hay billetes», Dorian Canton étant l’un des plus jeunes toreros français à avoir prit l’alternative, à 18 ans.

En 2021, ce fut des toros en privé, du campo une période longue, en patientant. En 2022 il s’exile à Madrid en prélude à une année importante. Il n’a toréé que six fois mais tout s’est plutôt bien passé, comme ces deux oreilles coupées au dernier Pedraza de Yeltes à Bayonne… 

 »Je me suis installé à Madrid pour me rapprocher de mon apoderado et de mon banderillero Augustin Serrano. Et là-bas j’ai eu la chance de m’entraîner avec Uceda Leal qui m’a apporté sa touche de classicisme et un toreo plus relâché. La venta del Batan, la Casa de Campo à Madrid, est devenu mon lieu d’entraînement. » Et quand tu t’entraînes là-bas, ça ne parle que du toro.  »Je me suis sorti de ma zone de confort. N’ayant jamais vécu en ville, a Madrid ça été un sacré changement pour moi qui n’étais jamais sorti du cocon familial  ».

Et pour un garçon qui dans la vie, est un chasseur, un pêcheur, un proche de la nature ce fut un changement…

Sa saison 2023 débute à Aignan avec sept contrats derrières…. Mais en juin, en s’entraînant à La Chassagne, il se sectionne un tendon de la main droite avec une épée, perdant trois corridas dont Mont-de-Marsan avec S. Castella et D. Luque…

 »Du coup j’ai manqué un peu d’entraînement devant les toros pour la suite. Une année noire. Mais 2024 arrive et pour la première, un festival à Arzaq où je dois tuer un Gallon. Puis j’ai Aignan fin mars. J’irai aussi à Mont-de-Marsan avec Morante et Daniel Luque, à La Brède, Eauze plus trois ou quatre corridas en cours de finalisation… Mais j’aimerais aller à Madrid pour confirmer en tant que matador… Et bien sur décrocher au moins un contrat dans le Sud-Est. »

Il aurait aimé aussi faire sa présentation en Espagne en passant par la Copa Chenel, mais il n’a pas été retenu. Dorian Canton, un torero, un garçon immensément sympathique, charismatique et sincère dans ses propos comme il l’est dans les arènes… un matador de toros qui mériterait qu’enfin on puisse le découvrir en habit de lumières dans nos arènes du Sud-Est.

Peu après, lui et son apoderado Olivier Mageste on pris la route direction Madrid et l’Escorial ou l’attendait un tentadero chez Baltasar Ibán…

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