Une Goyesque humide. (Vidéo)
Photo et CR : Thierry Ripoll (toreria.net pour vuelta)
Deux sorties à hombros gagnées dans des registres différents, par la maîtrise et une muleta impressionnante d’efficacité pour le torero de Gerena, par l’enthousiasme et l’envie du protégé de Juan Bautista, Talavante assurant superbement sa part mais paraissant plus en déroulé.
A. Talavante hérita d’un excellent toro en ouverture, bravito au cheval, avant un quite par chicuelinas de Luque avant que « Portugues » n’affiche clairement sa noblesse récitée avec classe et mobilité, permettant à l’extremeño de proposer son toreo varié et inspiré sur les deux bords mais sans jamais vraiment passer la rampe. Luquesinas et bernardinas précédant une entière efficace. Son second, qu’il reçut de deux faroles et de passes variées, fit rouler le groupe équestre en le poussant par l’avant avant de s’échapper comme à la 1ere pique. Au dernier tiers il montra un bon fond de noblesse mais manquant de fond, l’ensemble allant à menos avant un final en trois tomes.
D. Luque toucha en second un manso qui ira trois fois avec forces pour déloger la cavalerie avant une fusée intentionnelle jusqu’aux planches derrière le 1er banderillero. Mobile et fuyard « Campanito » se rendra d’entrée dans la muleta poderosa d’un torero maîtrisant totalement son sujet pour l’embarquer dans des séries vibrantes au cours d’une faena d’un intérêt croissant jusqu’au final ou seule l’épée sera un tantinet sujette à discussion. Son second laissera pas mal de potentiel face au cheval en trois poussées dont une de sa propre initiative et comme la race n’était pas son point fort, il prendra la muleta de Luque sans conviction malgré les efforts du sévillan…
C’est par des cambiadas centrales que Marco Perez, objet de tous les regards du public auquel il avait brindé son 1er toro arlésien, débuta sa faena devant un adversaire manquant de moteur. C’est par la gauche que se fit le meilleur amalgame mais surtout par la décision et la volonté du jeune salmantino qui s’arrima jusqu’au bout avec une muleta efficace pour tirer vers le haut en connectant avec les tendidos, les luquesinas précédant une entière au second essai. Il reçut avec décision son second adversaire en semi nocturne avant un échange de quite avec Talavante et entre deux piques bien prises. Court à gauche ou il fut averti deux fois, Marco Perez dû puiser dans son impressionnante technique pour s’imposer devant un Alvaro Nuñez exigeant avec un fond de race à gérer. Des difficultés qu’il arriva a maîtriser jusqu’au bout malgré un toro qui avait réduit progressivement sa voilure, avant une superbe épée au second envoi
Corrida de toros commémorant les 20 ans de la Goyesque d’Arles avec un décor fleuri pour le moins minimaliste, œuvre éphémère de l’artiste floral Aurélien Guintoli et du dessinateur Fabien Seignobos.
– Alejandro Talavante (Oreilles et silence après deux avis)
– Daniel Luque (Deux oreilles et salut)
– Marco Perez (Oreille et oreille)
Six toros d’Alvaro Nunez, formant un lot plutôt homogène de 515 kgs de moyenne, d’un tamano plus petits les 3eme et 5eme, bien présenté, de jeu varié noble dans l’ensemble, meilleurs les deux premiers, le second manso con caste, celui d’ouverture de catégorie. Face à la cavalerie, les 1er et 5eme s’y employèrent le plus, les autres ne s’y faisant jamais prier
Pst : J. Boyer, temps gris et pluvieux jusqu’à l’entrée en piste des toreros, paseillo retardé pour restaurer la piste. 4/5 d’arène qui avait bravé les intempéries et le miracle eut lieu grâce à l’équipe des Arènes d’Arles, de par leur travail acharné, le paseillo put s’élancer enfin, avec trente-cinq minutes de retard. Un paseillo, précédé d’une superbe interprétation au piano posé au centre du ruedo et d’un numéro de funambule traversant la piste de part en part et suivit d’un hommage à Luc Jalabert, créateur de ce rendez-vous désormais incontournable. La soprano Muriel Tomao, l’orchestre Chicuelo II et le chœur Escandihado assurant la partition musicale. Les tercios de banderilles furent quasiment tous écourtés à deux poses…