Le finaliste de la Copa Chenel
Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)
Joselito El Gallo disait : « Qui n’a pas vu des toros au Puerto ne sait pas ce qu’est un jour de corrida. »… Lui il en est sorti cinq fois par la grande porte mais sans que cela lui ouvre d’autres opportunités, passant même l’année 2024 sans aucun contrat après avoir été le triomphateur absolu de la temporada 2023 dans ses arènes du Puerto de Santa Maria…
C’est ce qui a décidé Ludovic Lelong « Luisito » à l’aider à véritablement lancer sa carrière.
« Daniel et moi avons des amis communs, ils lui ont parlé de moi, et ils m’ont parlé de lui…Nous nous sommes rencontrés et cela nous est apparu comme une évidence. Cela fait un an que nous avons unis nos forces et vu les résultats obtenus, il me semble que nous avons bien fait. Six corridas toréées, plusieurs triomphes, finaliste de la Copa Chenel et sorties à hombros au Puerto aux cotés de Morante et Roca Rey ! «
Daniel Crespo est né le 8 septembre 1994 au Puerto de Santa Maria, et c’est à l’Ecole Taurine de Jerez de la Frontera qu’il fit son apprentissage de torero… avant de débuter en novillada piquée le 30 mars 2013 à Candeleda….
Un garçon sans antécédents taurins mais issu d’une famille très passionnée et s’est en assistant à une corrida dans les arènes de sa ville, avec Morante, qu’il a eu envie de faire ce qu’il venait de voir…
« J’ai eu un parcours assez réussi en novilladas sans picadors, j’ai triomphé et remporté de nombreux trophées dans tous les concours organisés en Andalousie, toréant une cinquantaines novilladas. Durant ma période de novillero, j’ai beaucoup toréé pendant les deux premières années, participant à d’importantes ferias de novilladas avec picadors dans la région de Madrid, comme Arganda del Rey, Moralzarzal ou pour le Zapato de Oro d’Arnedo, terminant ces deux temporadas par ma présentation à Las Ventas. Pour différentes raisons, j’ai dû changer d’apoderado, ce qui a quelque peu freiné ma carrière. Ce qui ne m’a pas empêché de faire quatre autres paseillos à Las Ventas, sans toutefois y triompher, ou toréer dans d’autres arènes importantes qui m’ont amené à l’alternative chez moi en 2018. «
-De matador de toros, une seule corrida en France, Bayonne. Etes-vous venu de novillero ou en sans picadors ?
« Je n’ai toréé que deux fois comme novillero. De matador de toros, une seule corrida à Bayonne, celle de 6 toros pour 6 toreros. La France est pour moi un pays taurin à découvrir et j’espère que mes succès de cette année me permettront de me faire une place dans vos arènes. «
Passée l’alternative avec Morante et Manzanares, le 4 août 2018 à Puerto de Santa Maria ou il sort en triomphe, les contrats s’amenuisent… guère plus qu’une ou deux corridas par an, aucune en 2024 après avoir été le grand triomphateur de la temporada 2023 du Puerto après être sortir deux fois d’affilé par la grande porte, le 5 avec El Juli et Roca Rey, le 6 en remplacement de Morante avec Manzanares et Juan Ortega
-Cinq sorties en triomphe des arènes du Puerto, et très peu de retombées. Comment vous l’expliquez ?
« Il y eu un impact certes mais auprès de quelques aficionados espagnols. Mon nom est associé aux arènes du Puerto, parce que j’y suis né, mais aussi par les triomphes que j’y ai remportés. Je suis encore inconnu du grand public, et pour que cela change, il va me falloir triompher dans des plazas de toros importantes. Ceux obtenus dans mes arènes contribueront à me mener vers ces plazas. Cette année, grâce à la Copa Chenel, où je suis arrivé en finale, et à la corrida triomphale du 9 août, aux côtés de Morante et de Roca Rey d’El Puerto, je sens qu’aficionados et professionnels voudraient bien me voir toréer. Tout vient à point à qui sait attendre. Je pense que mon heure est venue »
-Comment définissez-vous votre toreo ?
« Je suis un torero de corte classique, toréant avec sensibilité, cherchant la pureté, l’authenticité et le faire le plus lentement possible. «
Mais Daniel Crespo sait aussi être un torero complet. C’est ce qu’il a montré lors des trois corridas de la Copa Chenel, affichant du recours, d’autres solutions pour s’imposer, aller au charbon quand il le faut…
-Malgré des toros, plus ou moins à contra estilo, vous êtes arrivé en finale de la Copa Chenel. Comment y êtes-vous parvenu ?
« Ayant clairement défini mes objectifs pour saisir les opportunités qui se présentent, j’en suis finalement arrivé à un moment de ma carrière où il n’y a plus d’excuses et où je dois faire face à tout ce qui m’est proposé. L’hiver dernier, j’ai beaucoup travaillé avec Luisito mon apoderado, m’entraînant quotidiennement à Sanlucar à une demi-heure de chez moi, et j’ai pu ainsi me sentir plus à l’aise face à des toros que je n’aurais peut-être pas affrontés aussi facilement auparavant. J’ai pu sentir que j’étais sur la bonne voie et cela m’a beaucoup apporté lors de la Copa Chenel. «
Pour conclure, Ludovic, comment tu envisages sa temporada 2026 ?
« Elle devra être celle de la confirmation et les triomphes de cette année vont très probablement porter leurs fruits, venir en France, confirmer à Madrid, 2027 devant être celle de la consécration. Un torero, aussi doué soit-il, ne se fait pas en un jour, et nous sommes aujourd’hui au niveau que j’avais espéré avoir en fin de saison. »
Daniel Crespo a reçu le trophée « Clarines d’El Puerto » à la meilleure entité de la saison portuaire 2025 ainsi que prix à la meilleure faena de la saison du Puerto de Santa Maria… Et sera au cartel de Gamarde…
