Reportage campo : les Santa Coloma de la famille Turquay au Mas Thibert

Santa Coloma, brillez pour nous….

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Reportage : Thierry Rippol (Toreria.net pour vuelta)

Au début des années 80, Nimeño II toréait dans les superbes et typiques arènes d’Eyguieres, un ancien moulin communal construit en 1787 … Pas loin de là, en plein cœur de la Crau, les Turquay élèvent des toros bravos, la ganaderia la plus orientale de l’Europe taurine.
Le grand-père de Manu fut gardian salarié chez les Jalabert puis chez les Gallon ou il finit sa carrière. Son fils Jean François prit sa suite chez les éleveurs de Mas Thibert avant de monter son propre élevage… de chevaux. Il avait loué des terres avec un étang pour y mettre ses juments mais un problème de pollution lié à l’emploi de désherbants a quasiment anéanti son troupeau. C’est alors qu’il eut l’occasion de s’associer avec Allemand et Sève, qui possédaient la manade de l’Illon. Un rêve caressé depuis longtemps et qui devenait réalité, devenir éleveur de toros. Il vola peu après de ses propres ailes, à partir de 1977 jusqu’à ce que la leucose l’oblige à faire abattre tout son troupeau… Entre temps les porteurs de la devise noir, marron, blanc avaient fait leurs débuts en piquées à saint Gilles en 1985.

Didier Pignan qui avait créé la ganaderia El Siete, vendait à cette époque un lot de 25 vaches, deux sementales et une quinzaine d’añojos en provenance de Pablo Mayoral dont le sang est un mélange entre Vicente Mártinez (Jijón/Ibarra), Curro Chica (Vázquez/Ibarra) et Santa Coloma, ce dernier prévalant aujourd’hui…. Du bétail aux robes peu ordinaires allant du cárdeno très clair, aux ensabanados, noirs, castaños, castaños salpicados voire même quelques jaboneros.

C’est sur ces nouvelles bases que l’élevage de J.F. Turquay est reparti en 1996. Du Santa Coloma, une encaste qui correspondait parfaitement à l’image du toro bravo dans l’esprit des ganaderos d’Eyguieres… Un tournant important est pris en 2014 avec l’acquisition de 20 vaches et 3 étalons à Javier et José Buendia auquel s’ajouteront deux autres lots, le dernier devant arriver prochainement au mas des Cavales… « Cet encaste c’est l’essence même de la corrida, du combat, de la noblesse aussi avec cette transmission qui génère de l’intérêt pour les aficionados et pour les toreros quand ils les comprennent…. Dommage que globalement les figuras ne veulent pas les toréer, préférant éviter les difficultés liées à la bravoure… »

Campo-Turquay

La centaine de mères, à l’exception d’un lot de Buendia, se partage 130 hectares à Mas Thibert, un pays distant d’une quarantaine de kilomètres du berceau de l’élevage, sis entre Eyguieres et le très proche Mas des Barres sur la commune de Lamanon ou les mâles profitent d’une centaine d’hectares dont 18 de bois…. Idéal. Quasiment aucun éleveur français ne vit du toro de combat. Les Turquay n’échappent pas à la règle. Ils sont producteurs de foin de Crau labellisé bio tout comme leurs bêtes. Une petite salle conviviale et des installations fonctionnelles leur permettent d’accueillir des clubs taurins pour leur fiesta campera ou ont participé Javier Cortes, le torero de la maison, mais aussi Robleño, Alberto Lamelas, Thomas Dufau….

Depuis 2011 la ganaderia pointe le bout de son nez… Un à deux lots de becerros par an, plus sollicitée dans le Sud-ouest que par ici avec un début au niveau des novilladas piquées cette année pour la concours de Millas…. Un lot de novillos est d’ailleurs prêt pour 2020 plus un qui sera combattu à Arles pour la feria ainsi qu’un lot de becerros pour une non piquée… « C’est sûr que l’apport de sang Buendia a, et va avoir, des répercussions positives pour l’avenir… » s’en réjouit Manu Turquay. Jean-Baptiste Jalabert qui s’investit lui aussi dans le Santa Coloma avec l’achat de bêtes de La Quinta, en a tienté quatre lors de sa préparation pour la goyesque du 7 septembre dernier. « Sur le lot trois ont été bonnes dont une exceptionnelle, Juan Bautista profitant au maximum d’une vache dont il me dit n’en avoir très très peu torée de cette qualité dans toute sa carrière… » De quoi en être satisfait pour le jeune éleveur. Et, si hormis un coup de cœur de La Muleta d’Arles pour unique trophée à ce jour, le futur s’annonce sous d’excellents auspices pour eux et pour les aficionados…. Santa Coloma, brillez pour nous….

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