Reportage Campo : Le rêve du ganadero de Quissac Michel Barcelo

Un rêve partagé par toute sa famille…

Campo-Barcelo

Reportage et photos : Thierry Rippol (Toreria.net pour vuelta)

Quissac, petite ville gardoise de 3200 habitants aux pieds des Cévennes, accueille depuis 2011, un élevage de toros bravos, sur les 85 ha du Mas du Sire, 85 ha de vignes qui sont devenu autant de prairie pour la ganaderia Michel Barceló…

Contrairement aux apparences, Barceló est un nom d’origine française qui s’est répandu en Catalogne et aux îles Baléares et non pas un patronyme espagnol … Et pourtant c’est le rêve d’enfant de devenir torero de Michel Barceló qui l’a conduit à celui de ganadero. Pas Miguel Barceló, l’artiste catalan né à Félanitx sur l’île espagnole de Majorque, pas celui qui participa au livre culte Toros, en collaboration avec Lucien Clergue et Rodrigo Rey Rosa, non tout simplement Michel Barceló de Lunel, qui tout petit jouait au toro avec un torchon dans la cuisine familiale. Pays de taureaux et d’élevage, pays de bouvino et d’aficion, la ville des pêcheurs de lune a généré de nombreuses passions taurines. Ne pouvant être torero, il sera gardian et tout en conservant son aficion à los toros il participera activement aux activités des manades, plus particulièrement chez Rebuffat. D’amateur il deviendra manadier en achetant en 1993 les bêtes camarguaises de Clauzel, passant à un niveau supérieur en 1997 en se portant acquéreur de la manade Pellecuer à Fos. Abrivado, courses camarguaises avec quelques vaches qui pointent la corne …. Jusqu’à l’an 2003 ou les services vétérinaires ordonnent l’abattage du troupeau.

Toute petite Marie Barceló est rongée par le guzzanillo, elle toréait dans les bras de son père d’abord lors des ferrades ou il vit son rêve de torero en servant à ses vaches des faenas pour son seul plaisir dans le bouvaou de bois. Puis Marie descendra sur ses deux jambes, rejoindra le Centre Français de Tauromachie de Nîmes avant de se retrouver pleinement en venant rejoindre l’équipe de Paquito Leal à Arles en 2006 ….jusqu’à faire sa présentation à Arles en non piquée en 2009…. Aujourd’hui elle s’occupe d’équitation sur la propriété familiale et fait de la voltige équestre…

L’abattage du troupeau camarguais offre une opportunité inespérée pour ce passionné de la fiesta brava … « Jamais je n’aurais fait abattre mes bêtes pour les remplacer, même pour d’autre de race brave, mais les circonstances ont fait, et grâce aussi à Paquito Leal, que je puisse acheter en 2007 un lot de 24 vaches à Antonio Palla d’origine Jandilla…. » et sur la lancée il s’est porté acquéreur d’une vingtaine de vaches d’Angel Santafé Marton d’encaste Marques de Domecq, d’origines proches des Jandilla qui ont rejoint à l’époque les pâturages de Marsillargues.

L’élevage familial était installé à Saint Just, aux portes de Lunel, avant de se déplacer à Quissac, un équilibre partagé entre Michel, le seul homme du lieu, jusqu’à l’arrivée de gendres ou assimilés, son épouse, Jacqueline aux réceptions et à la restauration et ses deux filles Marie et Caroline. La première a fait, avec les chevaux, son deuil sur ses rêves de torera, la seconde, participant aux travaux de la ganaderia quand elle ne s’occupe pas de l’élevage de porcs ibériques…

Le Mas du Sire, baptisé aussi Finca Santa Cruz, a été superbement restauré…. Des écuries jouxtent une belle placita de tienta et une salle de réception aux thèmes andalous et sert de cadre à de nombreuses fiestas taurines….. 12 ans après sa création, l’élevage à débuté en corrida. Un toro, un seul lors de la corrida de competencia de la Feria de la Crau avec O. Chacon à la manœuvre pour un test globalement positif…

« Que ce soit en non piquées ou en novillada, mes novillos ont globalement répondu aux attentes…. On sort plus en isolé qu’avec des lots complets, mais tous les mâles sont toréés, la plupart ici en privé ou lors de fiesta campera…C’est aussi mon laboratoire »

Les mâles, erales, becerros et novillos se partagent les enclos avec les 45 vaches qui vivent ici. 25 autres sont sur Fos pour dégorger les pâturages…

« En 2015 j’ai fait rentrer d’autres vaches de chez Santafè Marton et un lot de Sanchez Arjona…. Les trois lignées sont gérées à part et aujourd’hui j’aimerais avoir un semental d’origine A. Palla…. Et puis progressivement croiser les trois lignées, toutes de même encaste, afin d’avoir un sang bien à moi…. Mais il faut du temps et de la patience…. Ne pas bruler les étapes… »

Au début, Thomas Joubert était le torero de la maison mais quand il confia sa carrière à des apoderados espagnols, ce ne fut plus pareils…. La plupart des toreros français viennent ici, Javier Cortes aussi, mais le plus assidu actuellement c’est Baptiste Cissé… encore novillero certes mais avec la tête d’un torero plus mûr.

Michel Barcelo

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